UneĆuvre, un parcours Des analyses d'Ćuvres et des outils pour rĂ©ussir le Bac Fables (livres VII Ă XI) de Jean de La Fontaine Ă la loupe Une Ćuvre, un parcours Des ouvrages clairs, concis et accessibles destinĂ©s aux Ă©lĂšves pour leur fournir l'essentiel sur l'Ćuvre e
Nous vous proposons aujourdâhui, un nouveau sujet de dissertation pour vous entraĂźner avant lâĂ©preuve anticipĂ©e de français au baccalaurĂ©at. Nâoubliez, si ce nâest dĂ©jĂ fait de consulter le premier sujet de dissertation que nous vous avons proposĂ©. Ce sujet de dissertation proposĂ© en classe de premiĂšre vise Ă mettre en situation lâĂ©lĂšve qui se retrouve face Ă ses compĂ©tences en matiĂšre de mĂ©thodologie et de connaissances de la littĂ©rature française principalement. Ce corrigĂ© sans en exclure dâautres possibles sâavĂšre utile pour se prĂ©parer au bac sâentraĂźner Ă lâĂ©preuve de dissertation, consolider ses rĂ©fĂ©rences littĂ©raires ou encore amĂ©liorer son niveau de langue. Dans tous les cas, il est conseillĂ© de faire rĂ©guliĂšrement des exercices pratiques jusquâĂ lâavant-veille des Ă©crits du bac pour tester ses capacitĂ©s. Sujet Est-il plus efficace de dĂ©fendre une cause ou de dĂ©noncer une injustice Ă travers une fiction ou Ă travers une argumentation ? » Les termes du sujet nous invitent Ă rĂ©flĂ©chir sur deux modes dâĂ©criture â lâargumentation et la fiction â pour savoir si lâun des deux est susceptible de lâemporter en termes dâefficacitĂ© dans la dĂ©fense dâune cause ou la dĂ©nonciation dâune injustice » Est-il plus efficace de dĂ©fendre une cause ou de dĂ©noncer une injustice Ă travers une fiction ou Ă travers une argumentation? ». Lâargumentation ou discours est une forme dâĂ©loquence soumise Ă des rĂšgles qui remontent Ă lâAntiquitĂ©. Elle a pour objectif de convaincre et de persuader le lecteur ou lâauditeur. A titre dâexemple, le discours judiciaire vise Ă dĂ©noncer ou dĂ©fendre quelquâun ou une cause. Les Ćuvres en revanche portant mention de roman ou poĂšme relĂšvent pour leur part de la fiction. Lâauteur sâingĂ©nie Ă transformer une rĂ©alitĂ© extratextuelle » un fait divers par exemple en rĂ©alitĂ© textuelle ». Il sâagira donc en premier lieu de montrer en quoi lâargumentation peut se rĂ©vĂ©ler particuliĂšrement efficace notamment par la stratĂ©gie rigoureuse dâun raisonnement et lâefficacitĂ© des Ă©motions. En second lieu, nous verrons que les Ćuvres fictives ne manquent cependant pas de ressources en la matiĂšre juste avant dâaborder des textes qui conjuguent Ă la fois argumentation et fiction tels que le conte philosophique par exemple ou lâapologue. Certains discours du siĂšcle des LumiĂšres laissent penser que lâargumentation est particuliĂšrement efficace en termes de dĂ©nonciation dâune injustice ou de dĂ©fense dâune cause. Que lâon songe au TraitĂ© sur la tolĂ©rance 1763 de Voltaire ou encore LâEsprit des lois 1748 de Montesquieu. Dans le premier cas, Voltaire dĂ©fend la justice Ă partir de lâaffaire Marc Antoine Calas. Il sâagit dâun jeune protestant prĂȘt Ă se convertir au catholicisme que lâon retrouve mort chez son pĂšre. Ce dernier sera accusĂ© dâassassinat . Le parlement de Toulouse le condamne, le torture et lâexĂ©cute sans preuve. Voltaire relance lâaffaire pour obtenir la rĂ©habilitation de la famille Calas. Dans lâessai LâEsprit des lois, Montesquieu dĂ©nonce lâesclavage colonial dont lâEncyclopĂ©die se fait lâĂ©cho et affirme que les Noirs sont des hommes, les Ă©gaux des Blancs. LâefficacitĂ© de ces textes tient Ă la stratĂ©gie mise en oeuvre. Celle-ci repose sur la rigueur de lâĂ©vidence. Lâauteur gĂ©nĂ©ralement rĂ©ussit Ă sâeffacer derriĂšre les faits qui parlent dâeux-mĂȘmes. Il parle au nom de la raison. Cela dit, les arguments dĂ©passent la dimension purement thĂ©orique. Ils sont chargĂ©s dâĂ©motion. Voltaire parle par exemple d' »affreux supplice ». Raison et compassion sâentremĂȘlent pour plus dâefficacitĂ©. Si lâon prend lâexemple dâun extrait de LâEsprit des lois oĂč Montesquieu dĂ©nonce lâesclavage, on se rendra compte que les arguments sâenchaĂźnent rigoureusement et sont de plusieurs types Ă la fois Ă©conomiques, philosophiques et moraux. Par ailleurs, la subtilitĂ© du raisonnement par lâabsurde est redoutable. En effet, Montesquieu prend stratĂ©giquement et ironiquement le point de vue de lâesclavagiste pour dĂ©noncer lâesclavage. Les arguments employĂ©s justifient lâesclavage tandis que le raisonnement par lâabsurde le dĂ©nonce. La dimension ironique du propos dĂ©multiplie lâefficacitĂ© du raisonnement. Les textes sont dĂ©monstratifs et finissent par avoir un caractĂšre exemplaire. A ce titre, il semble que lâon ne puisse douter de leur efficacitĂ©. Reste que lâon ne peut restreindre lâanalyse Ă ce seul et unique type dâĂ©criture. Les ressources de la fiction mĂ©ritent dâĂȘtre prises en compte. La fiction a plutĂŽt vocation Ă divertir. En effet, le roman est une fiction et en aucun cas un traitĂ© politique ou idĂ©ologique. On peut citer dans cette perspective, les romans dâĂ©vasion Robinson CrusoĂ« de Defoe, LâOr de Blaise Cendrars ou Le Chercheur dâor de Le Clezio. Les romans dâaventures sâinscrivent dans la mĂȘme perspective les romans de cape et dâĂ©pĂ©e de Dumas Les Trois mousquetaires par exemple ou les romans dâAgatha Christie ou encore le roman LâAtlantide de Pierre BenoĂźt. Mais ce nâest lĂ quâune facette possible des romans. Certains autres laissent une place importante aux idĂ©es politiques. La CurĂ©e de Zola dĂ©nonce lâenrichissement des banquiers sous le second Empire. Germinal du mĂȘme auteur dĂ©crit les dĂ©buts du prolĂ©tariat et la revendication dâun droit de grĂšve. Lâauteur se fait le porte-parole dâune catĂ©gorie sociale. Si lâon regarde dâun peu plus prĂšs LâAssommoir 1877 de Zola, on se rend compte que lâauteur dĂ©nonce des conditions de vie du milieu ouvrier en insistant sur leur existence marquĂ©e par la misĂšre, la dĂ©chĂ©ance et la mort. Lâanimalisation du pĂšre Bru transforme certains passages en dĂ©nonciation dâune classe sociale. LâefficacitĂ© de lâĂ©criture reflĂšte le courant naturaliste dans lequel lâoeuvre sâinscrit. Le rĂŽle du personnage est Ă ce titre essentiel. Les idĂ©es dĂ©fendues acquiĂšrent une dimension universelle surtout quand elles sont incarnĂ©es par des personnages de ce type. On pourrait citer dans cette perspective, le personnage de Julien Sorel dans Le Rouge et le Noir de Stendhal 1830, notamment sa plaidoirie en toute fin de roman. Julien Sorel est condamnĂ© pour avoir tirĂ© sur Madame de RĂ©nal. Il prononce un discours, non pour se dĂ©fendre mais pour critiquer la sociĂ©tĂ©. Le discours se rĂ©vĂšle construit et captivant par le mĂ©lange de plusieurs registres polĂ©mique, dramatique et pathĂ©tique. Il en ressort un personnage martyr au destin jouĂ© dâavance, victime de lâinjustice de ses bourreaux, des bourgeois. Le choix des idĂ©es ou le choix dâune forme, en lâoccurrence le roman mais on aurait pu citer la forme Ă©pistolaire des Lettres persanes ou encore la crĂ©ation dâun personnage incarnant des valeurs pour finir universelles peuvent se combiner pour un maximum dâefficacitĂ©. Ajoutons que le contexte historique et/ou idĂ©ologique favorise la rĂ©ception des textes. LâefficacitĂ© du roman tient Ă©galement au pacte de lecture que lâauteur Ă©tablit avec son lecteur. Avec davantage dâattention, on remarque que certaines Ćuvres combinent le discours et la fiction. Câest le cas du conte philosophique Candide de Voltaire. Lâauteur insĂšre dans un cadre narratif proche du merveilleux avec des personnages stĂ©rĂ©otypĂ©s, voire indĂ©terminĂ©s, naĂŻfs et ingĂ©nus tel le hĂ©ros Candide, des critiques ciblĂ©es de la noblesse, de la religion et de lâĂ©ducation ou encore du pouvoir qui cherche Ă manipuler les gens. Le style est percutant dâautant quâon a affaire Ă une réécriture parodique de la genĂšse avec un chĂąteau le Jardin dâEden, une femme appĂ©tissante » CunĂ©gonde la pomme et Candide amoureux en quĂȘte de connaissance lâarbre de la connaissance du bien et du mal. Dans la mĂȘme perspective, il conviendrait de citer les Fables de Jean de La Fontaine qui sont un pur divertissement au service de la critique. Lâauteur utilise les ressources de la fable pour amener le lecteur Ă rĂ©flĂ©chir avec luciditĂ© sur les travers de la sociĂ©tĂ© et/ou de la nature humaine. LâefficacitĂ© de ces apologues est indubitable lâauteur met en scĂšne des contre-modĂšles pour opĂ©rer chez le lecteur une catharsis. Voyant ce Ă quoi mĂšnent lâorgueil et lâavarice, le lecteur se dĂ©tourne de la grenouille qui explose Ă force de gonfler dâorgueil. Le divertissement et la critique voire lâinstruction se combinent pour une efficacitĂ© argumentative maximum. Au terme de notre propos, on peut convenir que le discours argumentatif tel quâon a pu lâexplorer Ă travers une sĂ©rie dâexemples empruntĂ©s Ă la littĂ©rature du XVIIIĂšme siĂšcle, est particuliĂšrement efficace en termes de dĂ©fense dâune cause ou de dĂ©nonciation dâune injustice. Le choix dâune idĂ©e comme la lutte contre lâesclavage colonial dĂ©fendue sur le mode dâun raisonnement par lâabsurde qui nâexclut pas les Ă©motions rendent le texte convaincant et persuasif. Dâautres exemples relevant de la fiction peuvent â Ă y regarder de plus prĂšs â avoir tout autant dâefficacitĂ©. Les romans rĂ©alistes du XIXĂšme siĂšcle puisquâon ne parle pas de fictionnalitĂ© Ă proprement parler dans les siĂšcles prĂ©cĂ©dents illustrent parfaitement le sujet. Enfin dâautres exemples combinent Ă la fois fiction et argumentation tels que les Fables de la Fontaine. Il sâagissait donc non seulement dâillustrer les idĂ©e Ă©voquĂ©es dans le sujet et dĂ©passer la formulation plutĂŽt restrictive. Reste quâon aurait pu Ă©galement explorer la poĂ©sie et le théùtre oĂč les exemples mĂȘlant fiction et argumentation foisonnent. Les piĂšces les plus efficaces sont probablement celles qui ont payĂ© le prix fort de la censure. J'interviens avec le souci constant de rĂ©pondre au plus prĂšs des besoins des Ă©lĂšves de collĂšge et de lycĂ©e dans un espace inĂ©dit de travail en petits groupes. Venet1Ăšre B OcĂ©ane Mme Julien 07/12/20 Bac blanc de français Dissertation : DâaprĂšs votre lecture des Fables (livres 7.De plus, je vous souhaite une meilleure annĂ©e 2021 et une excellent.Ćuvre : La Fontaine, Fables (livres VII Ă XI) Type pĂ©dagogique : Exploitation de lâĆuvre intĂ©grale.Dissertation Introduction Jean de La Fontaine, Ă©crivain français du XVIIĂšme siĂšcle, publie son premier recueil Fables Choisies en 1668. Les fables du recueil sont des rĂ©cits courts mettant en scĂšne des animaux et dĂ©livrant lâesprit critique et proposant une morale. Pourtant, selon Rousseau les fables de la Fontaine ne font que pervertir lâesprit pur des enfants et il ne reconnait donc aucuneattirance Ă©ducative dans ces fables. On peut dĂ©sormais sâinterroger, si les fables de la Fontaine on une valeur et attirance pĂ©dagogique pour les enfants. A cette fin, il conviendra en premier lieu dâĂ©tudier en quoi les morales poussent au vice, puis en quoi elles les poussent Ă la vertu des fables. II. Vertu Valeur instructive des morales Les fables de La Fontaine instruisent et le rĂ©citpermet dâattirer et de rendre concret et vivant le contenu didactique. Elles sont un support particuliĂšrement riche pour initier les enfants aux dĂ©bats et aux Ă©changes dâidĂ©es, puisquâelles permettent de dĂ©velopper la logique et lâesprit des enfants en les entraĂźnant Ă rĂ©flĂ©chir Ă propos de la fable. Les fables instruisent sur la rĂ©alitĂ© de la vie, sur les dangers des sĂ©ducteurs, sur lâimportancede certaines qualitĂ©s humaines. On voit ainsi que la fable peut enseigner une vĂ©ritable sagesse, proposer non seulement des conseils mais des maximes de conduite et des valeurs universelles et permet Ă lâenfant de voir le monde tel quâil est. La fable se fonde sur des rĂ©cits mensongers et sĂ©duisants pour former lâenfant et le guider vers le bien, vers la vĂ©ritĂ© quâil faudrait atteindre. Ce sontdes textes dĂ©livrant un enseignement de lâesprit critique et le caractĂšre moral. Ceci est un point positif pour les parents, qui souhaitent un bon apprentissage pour leurs enfants. Dans Le Loup et Le Chien, le loup choisit la libertĂ© et en retire lui mĂȘme la leçon de son aventure la libertĂ© nâa pas de prix. Et ne voudrais pas mĂȘme Ă ce prix un trĂ©sor » V. 40. Avec cette leçon » lâenfantcomprend quâil vaut mieux vivre dans lâindigence mais libre, comme le Loup, que dans lâopulence mais dĂ©pendant dâautrui, comme le Chien attachĂ© par son collier » Dâautre part, dans Le Lion et Le Moucheron, lâenfant apprend que ce nâest pas parce quâon est petit quâon est faible et dangereux, au contraire, on peut bien ĂȘtre fort et battre quelquâun Lâinvisible ennemi triomphe » morale emmĂšne lâenfant Ă une deuxiĂšme qui nâest quâune consĂ©quence de la premiĂšre MĂȘme si on a battu quelquâun une fois, comme le moucheron bat le lion, on doit ĂȘtre prudent parce quâon ne pourra pas toujours ĂȘtre le vainqueur. Lâinsecte du combat se retire avec gloire » mais il rencontre aussi sa fin » Lâenfant comprendra quâil ne doit pas se mĂ©fier de sa force ou de sataille, parce que dâune façon ou dâune autre il pourra perdre. RĂ©cit fictif Les fables de La Fontaine sont des rĂ©cits fictifs. La Fontaine Ă©voque lâunivers dans sa diversitĂ© Ă travers des situations et des personnages diffĂ©rents. Il recourt aux animaux et aux situations tirĂ©es de la vie quotidienne, il adopte des thĂšmes relativement simples, le rĂ©cit est souvent court et animĂ©, ce qui rendles fables plus imagĂ©es et accessibles aux enfants. DĂšs le titre les enfants sont sĂ©duits par ces fables. Lâunivers de la fantaisie, notamment avec le monde animal, contentent et fascinent les enfants car ils font appel Ă lâimagination. Les animaux peuvent ĂȘtre trĂšs variĂ©s. Ils incarnent et mettent en mouvement des idĂ©es et des notions morales, en les rendant parlantes et expressives pour lesenfants. Ă travers ses fables La Fontaine peut enseigner aux enfants les sottises, lâinjustice, et les erreurs de la sociĂ©tĂ© reprĂ©sentĂ©e par des animaux et des personnages typiques et symboliques qui permettent un parallĂšle entre les comportements et les caractĂšres du monde naturel et de la sociĂ©tĂ© humaine. Tel est le cas dans la fable Le Renard et La Cigogne. En mettant en scĂšne CompĂšre leâŠ
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Dissertationde 7 pages en littérature publié le 10 mai 2002 : La Fontaine, les Fables : poétique des fables, fables poétiques. Ce document a été mis à jour le 10/05/2002 Ce document a été mis à jour le 10/05/2002
Marketplace Dissertation Français Document Ă©lectronique LycĂ©e A obtenu la note de 19/20 5 pages Description Dissertation sur les Fables de la par mon prof reçu de sur la vĂ©ritĂ©/mensonge. Extrait - Sujet Pensez vous que de mensonge peut ĂȘtre un moyen dâatteindre la vĂ©ritĂ© .Pascal, dans ses PensĂ©es, dĂ©finit l'imagination comme maitresse d'erreur et de faussetĂ© » L'imagination est pourtant le support des fables, et plus gĂ©nĂ©ralement des apologues, qui visent un discours moral et un discours de vĂ©ritĂ©. A ce propos, La Fontaine Ă©crit, dans Le DĂ©positaire infidĂšle » Le doux charme de maint songe/ par leur bel art inventĂ©, /sous les habits du mensonge/ nous offre a vĂ©... Ce document ne correspond pas exactement Ă ce que vous recherchez ? Commandez votre document redigĂ© sur mesure depuis notre service Commander un document Commander un document ou bien via la recherche par mots-clĂ©s Ces documents pourraient vous intĂ©resser
MichelSerres projetait de consacrer un grand ouvrage aux Fables de La Fontaine. Sa mort en 2019 lâen aura empĂȘchĂ©. Les Ă©ditions Le Pommier ont toutefois pu rassembler les textes quâil
1 Mais qui sâenracine en amont et se prolonge en aval recoupant des enjeux plus profonds sur le sens ... 1Il nây a pas de culture sans mĂ©moire, mais lâadage facĂ©tieux, la culture est ce qui reste quand on a tout oubliĂ© », implique la vĂ©ritable innutrition » dans laquelle sâenracine notre humanisme. Lâhommage que je veux rendre Ă Chantal Kircher, spĂ©cialiste des langues anciennes, illustrera lâidĂ©e de continuitĂ© articulĂ©e Ă celle dâĂ©volution, et de transformation, quâelle a toujours elle-mĂȘme portĂ©e haut. Câest sur La Fontaine, un de nos classiques les plus affectionnĂ©s, que lâattention portera, donnant Ă rĂ©flĂ©chir sur lâĂ©tiquette-mĂȘme de classique. On sait que le fabuliste, devenu acadĂ©micien en 1683, avait embrassĂ© le parti des Anciens dans la cĂ©lĂšbre Querelle qui divisa le monde des Belles-Lettres Ă la fin du XVIIe siĂšcle1. De grands noms sâaffichaient dans ce camp FuretiĂšre Ă©tait une rĂ©fĂ©rence, mais câest Boileauqui surtout avait donnĂ© le la avec ses Satires I-VI et VIII-IX 1666-1668, le TraitĂ© du sublime de Longin 1674, et bien-sĂ»r LâArt poĂ©tique 1674. Rapin, avec les RĂ©flexions sur la PoĂ©tique dâAristote, Racine dans ses PrĂ©faces dâIphigĂ©nie 1675 et de PhĂšdre 1677 ainsi que La BruyĂšre et plus tard FĂ©nelon sâillustrĂšrent aussi dans le dĂ©bat. 2De leur cĂŽtĂ©, les Modernes avaient pour chef de file Charles Perrault Le siĂšcle de Louis le Grand, 1687, Les ParallĂšles des Anciens et des Modernes, 1688, Des hommes illustres qui ont paru en France, 1696-1711, mais avant lui sâinscrivaient dĂ©jĂ dans cette mouvance Georges de ScudĂ©ry Alaric, 1654, Jean Chapelain, La Pucelle, 1657, Desmarets de Saint-Sorlin La comparaison de la langue et de la poĂ©sie française avec la grecque et la latine, 1670, DĂ©fense du poĂšme hĂ©roĂŻque, 1675, DĂ©fense de la poĂ©sie et de la langue française, 1675, et Paul Pellisson Relation contenant lâHistoire de lâAcadĂ©mie Françoise, 1672. Dans leurs rangs on compte Ă©galement Fontenelle Dialogues des morts, 1683, Digression sur les Anciens et les Modernes, 1687, Saint-Evremond Sur les poĂšmes des Anciens, 1686, Sur la dispute touchant les Anciens et les Modernes, 1692, et, Ă lâaube du XVIIIe siĂšcle, Pierre Bayle Dictionnaire historique et critique, 1695-1697. 3Pour les uns comme pour les autres, lâargumentaire est simple les Anciens soutiennent une conception de la crĂ©ation littĂ©raire comme imitation des auteurs de lâAntiquitĂ© qui, selon eux, reprĂ©sentent dĂ©finitivement la perfection artistique. La PoĂ©tique dâAristote est leur brĂ©viaire. Pour les Modernes au contraire, les Ćuvres de lâAntiquitĂ© ne sont pas indĂ©passables, la crĂ©ation littĂ©raire se doit dâinnover dans ses formes, et dâĂȘtre en phase avec son temps. Mais, on le verra, cette simplicitĂ© apparente cache des enjeux beaucoup plus profonds. Ces enjeux traversent les Fables de La Fontaine ils sous-tendent la posture originale du fabuliste, oĂč lâancien et le moderne se rejoignent. 2 A Monseigneur LâEvĂȘque de Soissons, La Fontaine, Ćuvres diverses, Ă©d. P. Clarac, Paris, Gallimar ... 4Dans sa cĂ©lĂšbre Epitre Ă Huet 16872, qui officialise sa prise de position en faveur des Anciens, La Fontaine prend soin de dĂ©clarer mon imitation nâest pas un esclavage » nous le savons, il sâen fallait de beaucoup en effet. A telle enseigne que souvent la critique sâest plu Ă insister sur la modernité» du prĂ©tendu ancien. LâĂ©tude qui suit rappellera quelques traits significatifs de cette modernitĂ©. La distanciation, revendiquĂ©e, nâĂ©tait pas anodine. Dans un contexte traversĂ© de tensions, que notre vision rĂ©trospective tend Ă Ă©craser, La Fontaine proclame avant tout son indĂ©pendance dâesprit. DĂ©passant la pĂ©tition de principe, il exemplifie ce quâil dit, en se rĂ©appropriant et en transformant lâhĂ©ritage des Anciens. Alors, on le verra, lâancrage et les rĂ©fĂ©rences puisĂ©es chez eux sâavĂšrent libĂ©rateurs. I. Le monde des Fables et le retour aux sources 5Certes, lâĆuvre de La Fontaine ne se limite pas Ă ses Fables. Ce sont elles nĂ©anmoins qui occupent le premier plan de sa rĂ©ception, et qui, en lâoccurrence, illustreront le mieux les deux visages dâune poĂ©tique, marquĂ©e Ă la fois par sa rĂ©vĂ©rence aux Anciens et par une sensibilitĂ© trĂšs moderne. On sait par ailleurs que sa Muse galante » sâabreuve plus notoirement Ă une source moderne, et que ses Contes et Nouvelles notamment, relĂšvent de lâinspiration grivoise de Boccace ou de lâArioste. Cet autre ancrage de sa crĂ©ation ne doit pas ĂȘtre nĂ©gligĂ©, car il Ă©claire indirectement lâinspiration plurielle Ă laquelle nous allons nous attacher. 6Le genre des fables remonte Ă lâAntiquitĂ©, et La Fontaine dans ses PrĂ©faces sâinscrit officiellement dans la tradition dâEsope, lâinventeur du bel art » 3 A Monseigneur le Dauphin, Fables Ă©d. G. Couton, Garnier-FrĂšres, Paris, 1962, p. 31 Je chante les HĂ©ros dont Esope est le pĂšre3, 4 PrĂ©face au premier recueil des Fables p. 5. 7Esope, suivi par PhĂšdre et Avenius, et dont il convient dĂ©sormais dâaccorder le projet avec lâharmonie de la poĂ©sie. Car les Fables dâEsope, extrĂȘmement concises, dĂ©daignaient tout ornement ici, La Fontaine plaide pour une certaine libertĂ© dâadaptation, mais en sâappuyant encore sur une autoritĂ© antique, celle de Socrate lui-mĂȘme. Partant de lâidĂ©e que les GrĂąces lacĂ©dĂ©moniennes ne sont pas tellement ennemies des Muses françaises, que lâon ne puisse souvent les faire marcher de compagnie »4, il rappelle que selon Platon, Socrate employa les derniers moments de sa vie Ă mettre en vers les Fables dâEsope. Et de son cĂŽtĂ©, pour rendre hommage Ă celui quâil met au rang de Sage, il ouvre son premier recueil de Fables par une transcription de Planude, La vie dâEsope le Phrygien. 8Ce positionnement clairement affichĂ© dans le pĂ©ritexte des Fables, se confirme dâemblĂ©e dans le contenu du premier recueil La Cigale et la Fourmi, Le Corbeau et le Renard, puisent leur sujet chez Esope, La grenouille qui veut de faire aussi grosse que le bĆuf et Les deux mulets chez PhĂšdre, Le loup et le chien, La gĂ©nisse, la chĂšvre et la brebis en sociĂ©tĂ© avec le lion chez Esope encore, et ainsi de suite. La fable VII, La Besace, empruntĂ©e Ă Avenius, mais partiellement aussi Ă Esope et Ă PhĂšdre, fait apparaĂźtre une autre forme dâinnutrition », dĂ©sormais souvent rĂ©itĂ©rĂ©e, mĂȘlant aux acteurs de ce petit monde force personnalitĂ©s mythologiques câest Jupiter appelĂ© aussi familiĂšrement Jupin qui ouvre la session des dolĂ©ances pour lâensemble des crĂ©atures, et plus loin, câest Ă Junon que se plaint le Paon. Cassandre, Castor et Pollux, Apollon, Mercure, Ulysse, lâOlympe et le Parnasse sont couramment pris Ă tĂ©moin. Mais parfois ils surgissent malicieusement au dĂ©tour dâune caution forcĂ©e 5 La Tortue et les deux Canards, X, II. Câest moi qui souligne. Une Tortue Ă©tait, Ă la tĂȘte lĂ©gĂšre,Qui, lasse de son trou, voulut voir le pays [âŠ]Deux Canards Ă qui la commĂšre communiqua ce beau dessein, Lui dirent quâils avaient de quoi la satisfaire Vous voyez ce large chemin ? Nous vous voiturerons, par lâair, en AmĂ©rique, Vous verrez mainte RĂ©publique, Maint Royaume, maint peuple, et vous profiterezDes diffĂ©rentes mĆurs que vous en fit autant. On ne sâattendait guĂšreDe voir Ulysse en cette Tortue Ă©couta la propositionâŠ5 6 Lâart de la transition » que Leo Spitzer saluait chez La Fontaine se dĂ©ploie aussi dans cette fa ... 7 Lâunivers de croyance est lâensemble des propositions implicites tenues pour vraies par un locuteu ... 9Dans la rĂ©flexivitĂ© accrue du second recueil, lâallusion intempestive Ă Ulysse est, pour le fabuliste, une maniĂšre humoristique de traiter ses habituelles rĂ©fĂ©rences, en soulignant dâun gros trait leur caractĂšre convenu. Pareille distanciation nâempĂȘche pas ces mĂȘmes rĂ©fĂ©rences dâapparaĂźtre comme parfaitement naturelles dans le vivier des anecdotes. On se reportera au caractĂšre hybride du genre. Un rĂ©cit, ou apologue, raconte une histoire exemplaire propre Ă dĂ©livrer une leçon de vie câest le corps de la fable, la leçon elle-mĂȘme, explicite ou implicite, intĂ©grĂ©e ou dĂ©tachĂ©e, en constitue la morale, qui est son Ăąme ». Une fable emblĂ©matique dans son statut mĂ©tadiscursif, Le pouvoir des fables » VIII, 4, rĂ©vĂšle toute la souplesse des transitions entre diffĂ©rents points dâancrage6, ou, si lâon prĂ©fĂšre, entre diffĂ©rents univers de croyance »7 du discours. LâĂ©vĂ©nement ici narrĂ© possĂšde un fondement historique Dans AthĂšne autrefois peuple vain et lĂ©ger, Un Orateur voyant sa patrie en danger, Courut Ă la Tribune ; et dâun art tyrannique, Voulant forcer les cĆurs dans une rĂ©publique, Il parla fortement sur le commun salut⊠10Dans la figure de lâOrateur nous reconnaissons DĂ©mosthĂšne qui tentait dâalerter ses concitoyens sur la politique conquĂ©rante de Philippe de MacĂ©doine. En vain le peuple se montrait sourd Ă sa rhĂ©torique. Il prit alors un autre tour » propre Ă le rĂ©veiller CĂ©rĂšs, commença-t-il, faisait voyage un jourAvec lâAnguille et lâHirondelle Un fleuve les arrĂȘte ; et lâAnguille en nageant, Comme lâHirondelle en volant, Le traversa bientĂŽt. LâassemblĂ©e Ă lâinstantCria tout dâune voix Et CĂ©rĂšs que fit-elle ? 11Lâanecdote, inscrite dans un Ă©pisode de lâhistoire grecque ancienne, accueille, avec lâaventure de CĂ©rĂšs, une inclusion mythologique. Mais il y a mieux encore ce conte dâenfant », rapprochĂ© de Peau dâĂne, offre Ă La Fontaine une morale ĆcumĂ©nique 8 Il se trouve que Peau dâĂąne fait partie de ces contes transmis par la tradition populaire, que jus ... A ce reproche lâassemblĂ©e,Par lâapologue rĂ©veillĂ©e, Se donne entiĂšre Ă lâOrateur Un trait de Fable en eut lâhonneur. Nous sommes tous dâAthĂšne en ce point ; et moi-mĂȘme, Au moment que je fais cette moralitĂ©, Si Peau dâĂąne mâĂ©tait contĂ©8,Jây prendrais un plaisir extrĂȘme. 12Une autre fable, emblĂ©matique elle aussi de la visĂ©e des fables, LâEducation, met en regard le double ancrage des rĂ©fĂ©rences. Les personnages sont deux chiens, deux frĂšres dont les parcours ont divergĂ© Laridon et CĂ©sar, frĂšres dont lâorigineVenait de chiens fameux, beaux, bien faits et hardis, A deux maĂźtres divers Ă©chus au temps jadis, Hantaient lâun les forĂȘts, et lâautre la cuisine ;Ils avaient eu dâabord chacun un autre nom ; Mais la diverse nourritureFortifiant en lâun cette heureuse nature, En lâautre lâaltĂ©rant, un certain marmitonNomma celui-ci Laridon Son frĂšre, ayant couru mainte haute aventure, Mis maint Cerf aux abois, maint Sanglier abattu,Fut le premier CĂ©sar que la gent chienne ait eu. VIII, 24. 13Certes, un parcours noble justifie une dĂ©nomination prestigieuse, Ă connotation antique CĂ©sar est un nom propre remotivĂ©, qui vaut titre ; de son cĂŽtĂ©, Laridon est un nom forgĂ©, moderne, qui, dans ses sonoritĂ©s, affiche la dĂ©gĂ©nĂ©rescence de la lignĂ©e des tournebroches. Mais la morale reste ambiguĂ« lâĂ©vocation hĂ©roĂŻ-comique des exploits du chien de chasse, rend suspecte lâadmiration qui lui est portĂ©e, comme elle relativise le mĂ©pris pour le chien de cuisine. 14Au-delĂ des dĂ©clarations formelles, et des rĂ©fĂ©rences affichĂ©es que lâon nâest pas prĂšs dâĂ©puiser, il convient de souligner le dessein du poĂšte. Et lĂ câest la dĂ©marche mĂȘme de PromĂ©thĂ©e, le rival des Dieux, qui se manifeste dans Le Prologue de la premiĂšre fable du Livre V, Le BĂ»cheron et Mercure, elle se lit dans la vision ramassĂ©e, vĂ©ritable mise en abyme » topique de lâĆuvre TantĂŽt je peins en un rĂ©citLa sotte vanitĂ© jointe avecque lâenvie,Deux pivots sur qui roule aujourdâhui notre est ce chĂ©tif animalQui voulut en grosseur au BĆuf se rendre quelquefois, par une double image,Le vice Ă la vertu, la sottise au bon sens,Les Agneaux aux loups ravissants,La mouche Ă la Fourmi, faisant de cet ouvrageUne ample ComĂ©die Ă cent actes divers,Et dont la scĂšne est lâUnivers. 15Suivant lâexemple du hĂ©ros mythique, qui avait formĂ© lâhomme Ă partir des traits de caractĂšres rĂ©partis dans chaque espĂšce animale, La Fontaine crĂ©e un microcosme oĂč les animaux, devenus des hommes comme les autres », sont de toutes les Ă©poques. Pour dire cet Ă©ternel humain, on parle dans le monde des fables simultanĂ©ment des Dieux, de lâAntiquitĂ©, ⊠et aussi de quelques Ă©vĂ©nements trĂšs contemporains. 9 Dont certains, entraĂźnĂ©s par leur prĂ©jugĂ©, supposaient quâil Ă©tait Esope lui-mĂȘme connu sous le no ... 16Le premier recueil des Fables sâĂ©tait placĂ© dans le sillage dâEsope ; lâAvertissement du deuxiĂšme annonce avoir cherchĂ© dâautres enrichissements ». DĂ©sireux dâintroduire de la variĂ©tĂ© dans son Ćuvre, La Fontaine dĂ©clare maintenant une dette envers Pilpay, un sage indien9, et quelques autres ». En lâabsence de source livresque avĂ©rĂ©e, comme pour la Fable III du Livre VII, Le rat qui sâest retirĂ© du monde, le poĂšte transpose librement lâactualitĂ© politique Les Levantins en leur lĂ©gendeDisent quâun certain Rat las des soins dâici-bas, Dans un fromage de HollandeSe retira loin du tracas⊠17 Lâermite nouveau » est bientĂŽt sollicitĂ© par des rats venus en dĂ©lĂ©gation lui demander quelques subsides pour Ratopolis assiĂ©gĂ©e. Alors le fromage de Hollande » fait entendre une allusion Ă la guerre de Hollande, trĂšs pertinente dans cette fable datĂ©e de 1675, annĂ©e oĂč le clergĂ© rĂ©gulier avait vivement protestĂ© contre le don gratuit », une participation imposĂ©e aux dĂ©penses de ladite guerre. Mais dans cette fable nous entendons Ă©galement une satire, dans la tradition mĂ©diĂ©vale cette fois, Ă lâencontre des moines, bien protĂ©gĂ©s des soucis du siĂšcle, hypocrites, et peu solidaires Ă lâĂ©gard de leurs semblables Ayant parlĂ© de cette sorte, Le nouveau Saint ferma sa porte. Qui dĂ©signai-je Ă votre avis, Par ce Rat si peu secourable ?Un moine ? Non, mais un Dervis Je suppose quâun Moine est toujours charitable. 18Ici un contact sâĂ©tablit avec lâinspiration drolatique des Contes, la veine gauloise rejoignant la veine galante. Câest donc un aspect moderne des Fables quâil convient dĂ©sormais dâinterroger. II. Un discours moderne. SyncrĂ©tisme et pragmatisme 19Les Ă©tiquettes sont trompeuses etla posture de La Fontaine dans ses Fables prend en dĂ©faut les dichotomies rĂ©ductrices. On est Ă©videmment plus libre lorsquâon sâaccorde plusieurs maĂźtres ce que rĂ©vĂšle dâabord le syncrĂ©tisme des rĂ©fĂ©rences rapidement Ă©voquĂ©, câest la libertĂ© dâesprit du fabuliste, et surtout sa morale qui ne craint pas dâĂȘtre politiquement incorrecte. 10 Marc Fumaroli, La Querelle des Anciens et des Modernes,a illustrĂ©e dâextraits, Paris, Gallimard-Fo ... 11 Il fut longtemps lâhomme de lettres » de Madame de la SabliĂšre, et dans son salon il avait nouĂ© ... 12 Citons entre autres Les Animaux malades de la peste, Les obsĂšques de la Lionne, La Cour du lion⊠20Sous la vulgate dâune polĂ©mique abusivement schĂ©matisĂ©e entre tenants dâune esthĂ©tique dâimitation et partisans dâune crĂ©ation Ă©mancipĂ©e des moules anciens, dâautres enjeux se dessinent. Les Anciens, Ă lâabri de leurs modĂšles, et bien adossĂ©s Ă leur monde paĂŻen, sont Ă certains Ă©gards plus transgressifs que les Modernes. La Fontaine est dâabord de ceux qui prennent acte de la loi de la nature. Il ne faut pas se le cacher, câest une dure loi, qui ignore la biensĂ©ance, et qui ne ferme pas les yeux sur les pulsions ou le plaisir des sens. De leur cĂŽtĂ©, les Modernes sont plus assujettis au lissage dâune production littĂ©raire encadrĂ©e par les autoritĂ©s, comme lâAcadĂ©mie et la cour. Marc Fumaroli souligne les positionnements face au pouvoir qui se cachaient sous lâapparent progressisme des Modernes, permettant de mieux comprendre des options Ă premiĂšre vue dĂ©concertantes10. Ainsi, Boileau, dĂ©fenseur des Anciens, Ă©tait un proche de Port-Royal, ce haut lieu du contre-pouvoir du monde des Lettres. La Fontaine Ă©tait son ami et lâon sait aussi quâil avait plus dâaffinitĂ©s avec lâesprit des salons parisiens11, lâhĂ©ritage galant de la Fronde, et les penseurs libertins, quâavec un alignement courtisan tant de fois dĂ©noncĂ©12. Son refus des idĂ©es reçues, et un pragmatisme tranquillement provocateur, sâinscrivent dans la topique dâune Ćuvre qui dit un monde soumis Ă la raison du plus fort. 13 Il est un des pĂšres de lâhistoire politique contemporaine. 14 Paris, Ventadour, 1955. 15 Dans son Emile ou de lâEducation, il considĂ©rait que les Fables encourageaient moins Ă se corriger ... 16 Les historiens reconnaissent Machiavel comme un des fondateurs de la pensĂ©e politique moderne voi ... 17 Le Lion amoureux, IV, I. La rĂ©flexion dâAndrĂ© Siegfried est fortement imprĂ©gnĂ©e par le souvenir tr ... 21Il y a un peu plus dâun demi-siĂšcle AndrĂ© Siegfried, acadĂ©micien et historien de renom13, Ă©crivit un essai intitulĂ©La Fontaine, Machiavel rapprochement peut surprendre, mais, mĂȘme sâil appelle de sĂ©rieuses mises au point, lâintuition dâune parentĂ© intellectuelle mĂ©rite quâon sây attarde. On se souvient des griefs de Jean-Jacques Rousseau contre ce quâil appelait lâimmoralitĂ© » de La Fontaine15. De fait, le fabuliste rejoint le cĂ©lĂšbre Florentin reconnu comme un moderne par la postĂ©ritĂ©16, et cela prĂ©cisĂ©ment dans sa vision immoraliste du monde. La Fontaine aurait bien compris les leçons de rĂ©alisme politique du Prince. AndrĂ© Siegfried commente en ces termes la fable du Lion amoureux Samson ne doit pas se laisser couper les cheveux, le lion ne doit pas se laisser rogner les griffes un Etat dĂ©sarmĂ© ne compte plus »17. La prudence consiste Ă ne pas croire les discours lĂ©nifiants, et Ă ne pas sâengager sans sâassurer dâun possible retour, le Renard est lucide Les pas empreints sur la poussiĂšrePar ceux qui sâen vont faire au malade leur cour,Tous, sans exception, regardent sa taniĂšre Pas un ne marque de retour Cela nous met en Sa MajestĂ© nous dispense Grand merci de son passe-port ;Je le crois bon ; mais dans cet antreJe vois fort bien comme lâon entre,Et ne vois pas comme on en sort. Le Lion malade et le Renard, VI, 14. 22Nous irons plus loin les victoires ne sont jamais des solutions dĂ©finitives qui nous permettraient de baisser la garde, et câest une Iliade en basse-cour qui nous lâenseigne Deux Coqs vivaient en paix une Poule survintEt voilĂ la guerre tu perdis Troie et câest de toi que vintCette querelle envenimĂ©e OĂč du sang des Dieux mĂȘme on vit le Xanthe teint !En effet, le coq vainqueur va chanter sa victoire un peu trop fort Un vautour entendit sa voix Adieu les amours et la gloire ;Tout cet orgueil pĂ©rit sous lâongle du Vautour.[âŠ]Tout vainqueur insolent Ă sa perte travaille,DĂ©fions-nous du Sort, et prenons garde Ă nousAprĂšs le gain dâune bataille. Les Deux coqs, VII, XII 23A nouveau, la rĂ©fĂ©rence Ă lâĂ©popĂ©e antique sâinscrit dans un registre hĂ©roĂŻ-comique qui la dĂ©sacralise quelque peu. Mythe, distanciation du mythe, et portĂ©e transtemporelle, sont interdĂ©pendants. 24Mais chez La Fontaine, le rĂ©alisme politique nâest quâune application parmi dâautres dâune recommandation gĂ©nĂ©rale selon laquelle il faut en toute chose raison garder. Or nos mĆurs sont rarement raisonnables⊠La source de la fable des Deux ChĂšvres passe pour ĂȘtre une querelle de prĂ©sĂ©ances entre deux dames de haut rang, une certaine Madame de Beringhen et la duchesse de Brissac Saint-Simon qui, sâĂ©tant rencontrĂ©es dans une rue fort Ă©troite, restĂšrent, dit-on, cinq heures face Ă face, faute dâaccepter de reculer ⊠Jâimagine voir avec Louis le GrandPhilippe Quatre qui sâavance Dans lâĂźle de la sâavançaient pas Ă pas,Nez Ă nez, nos AventuriĂšres, Qui toutes deux Ă©tant fort fiĂšres,Vers le milieu du pont ne se voulurent pasLâune Ă lâautre cĂ©der. Elles avaient la gloireDe compter dans leur race Ă ce que dit lâHistoireLâune certaine ChĂšvre au mĂ©rite sans pairDont PolyphĂšme fit prĂ©sent Ă GalatĂ©e,Et la chĂšvre AmalthĂ©e, Par qui fut nourri de reculer, leur chute fut commune ;Toutes deux tombĂšrent dans lâeau. Les Deux ChĂšvres XII, IV 18 Câest sur lâĂźle de la ConfĂ©rence ou Ăźle des Faisans, au milieu de la Bidassoa en pays basque, qu ... 25Les univers de croyances sont ici particuliĂšrement imbriquĂ©s nos chĂšvres peuvent se prĂ©valoir dâaĂŻeules mythiques, mais leur aventure est celle dâun fait divers contemporain, qui lui-mĂȘme renvoie ironiquement Ă un Ă©vĂ©nement diplomatique rĂ©cent18. 26En marge des autoritĂ©s, le pragmatisme de La Fontaine, son refus de lâangĂ©lisme, et son regard narquois, sont frappĂ©s au coin du bon sens. LâĂne des Animaux malades de la peste, paie cher ses scrupules excessifs. Et bien-sĂ»r, nous rĂ©pĂšte-t-il souvent,il faut manger pour vivre. Comme nous ne sommes pas tous vĂ©gĂ©tariens, la chaĂźne alimentaire fait que parfois aussi on mange son prochain » ! Câest la leçon du Loup et les Bergers. Le personnage du loup, ou du chat, sont loin dâĂȘtre toujours nĂ©gatifs Un Loup rempli dâhumanitĂ©Sâil en est de tels dans le mondeFit un jour sur sa cruautĂ©,Quoiquâil ne lâexerçùt que par nĂ©cessitĂ©, Une rĂ©flexion sâensuit une bonne rĂ©solution Et bien, ne mangeons plus de chose ayant eu vie ;Paissons lâherbe, broutons ; mourrons de faim une chose si cruelle ?Vaut-il mieux sâattirer la haine universelle ?Disant ces mots il vit des Bergers pour leur rĂŽtMangeants un agneau cuit en oh, dit-il, je me reprocheLe sang de cette gent. VoilĂ ses gardiensSâen repaissants, eux et leurs chiens ;Et moi, Loup, jâen ferais scrupule ?Non, par tous les Dieux. Non. Je serais ridicule. [...] Ce loup avait raison. Est-il dit quâon nous voieFaire festin de toute proie,Manger les animaux, et nous les rĂ©duirons Aux mets de lâĂąge dâor autant que nous pourrons ?Ils nâauront ni crocs ni marmite ?Bergers, bergers, le loup nâa tortQue quand il nâest pas le plus fort Voulez-vous quâil vive en ermite ? 19 Ovide, MĂ©tamorphoses, I., 103 20 Voir Jaubert 2000a 27Certaines expressions sont ici rĂ©vĂ©latrices. Ovide, dans ses MĂ©tamorphoses, nous dit en effet que les hommes de lâĂąge dâor Ă©taient vĂ©gĂ©tariens19 ; les animaux du jardin dâEden lâĂ©taient aussi, mais, pour La Fontaine, qui en lâoccurrence renverrait dos Ă dos le merveilleux paĂŻen comme le merveilleux chrĂ©tien, il est clair quâon ne reviendra pas au Paradis perdu.... Avec une sobre Ă©lĂ©gance, il rĂ©cuse lâaustĂ©ritĂ© excessive, et reconnaĂźt une certaine sensualitĂ© dans lâacte de se nourrir20. 21 Voir Jaubert 1997, 2000 b, 2002. 28LâallĂ©geance Ă la loi de la Nature sous-tend un humanisme de la maturitĂ© qui sâouvre Ă la philosophie dâEpicure, et dĂ©passe les clivages dâĂ©cole. La nature est changeante et la suivre câest sâadapter. Comme toujours chez les grands auteurs, entendons ceux dont la rĂ©ception peut traverser les Ăąges, La Fontaine fait converger Ă©thique et modĂšle de souplesse et dâadaptation que nous offre la nature trouve une traduction dans la forme. La fable devient sous sa plume un genre qui ne cesse de se mĂ©tamorphoser elle est fondĂ©e Ă sâassumer ainsi, car la pensĂ©e ne saurait se couler dans un moule unique. Fiction et diction progressent ensemble une autre modernitĂ© de La Fontaine, souvent remarquĂ©e des linguistes, se comprend ainsi. Ainsi la remarquable hĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ© Ă©nonciative, ce concert des voix qui se signale dans le discours des Fables, sera mis en relation avec la pensĂ©e plurielle trĂšs intĂ©grĂ©e qui les caractĂ©rise. Les formes libres de discours rapportĂ© sont ici le fer de lance dâune locution polyphonique audacieuse, trĂšs en avance sur son temps. On ne reviendra pas sur des dĂ©monstrations faites antĂ©rieurement21, mais il convenait de souligner une fois de plus la cohĂ©rence du dit et du dire, du contenu et de la forme. 29Lâimitation servile des Anciens est donc bien loin en effet. La maĂźtrise du discours permet de dire une vĂ©ritĂ© de soi, et manifestement la sagesse de La Fontaine postule un ailleurs. A lâĂ©cart des allĂ©es du pouvoir assurĂ©ment mĂȘme si, comme tous les auteurs de son temps, il doit solliciter la protection dâun Grand du Royaume, en un lieu oĂč il affirme son inaliĂ©nable libertĂ©, et sa propre hiĂ©rarchie des valeurs Deux vrais amis vivaient au Monomotapa... ». Le rĂ©alisme fait place Ă lâutopie, et, en tout Ă©tat de cause, Ă la primautĂ© des sentiments Deux vrais amis vivaient au Monomotapa Lâun ne possĂ©dait rien qui nâappartĂźnt Ă lâautre Les amis de ce pays-lĂ Valent bien dit-on ceux du nĂŽtre. Les deux Amis, VIII, XI 30Lâanecdote montre ensuite ces deux amis faisant assaut de dĂ©vouement et de dĂ©licatesse. Au moment de lâarrestation de Fouquet en 1661, et de son procĂšs, en 1664, La Fontaine lui Ă©tait restĂ© fidĂšle, et cette fidĂ©litĂ© lui avait valu lâordre de sâexiler quelques temps dans le Limousin. Câest cette libertĂ© de lâesprit qui fonde sa posture Ă©thique, lui permettant de dĂ©passer une Querelle » de principes, et de promouvoir deux cultures parfaitement compatibles aux cĂŽtĂ©s de lâinnutrition antique, lâexigence dâune morale galante » qui, dans une sociĂ©tĂ© choisie, mettait au premier plan la dĂ©licatesse de lâesprit et du cĆur, la luciditĂ© et la tendresse des sentiments, lâexcellence de lâamitiĂ©. 31Lâhumanisme de La Fontaine implique la qualitĂ© de lâhumain ce sont les deux faces dâun mĂȘme signe. Un signe des plus congruents pour lâhommage que je tiens Ă rendre Ă Chantal Kircher, Ă sa personne, et Ă son rayonnement dans lâuniversitĂ©.NsaXLM.